Alors que Plein Art commençait, s’amorçait aussi
l’exposition Page Blanche du Collectif Filière 11 duquel je fais partie avec 11
autres joaillières. Cette expo est présentée du 29 juillet
au 27 août, à la galerie de la bibliothèque Gabrielle-Roy.
Basé à Québec, Filière 11 est un jeune collectif
de joaillières qui œuvrent dans le domaine du bijou contemporain depuis plus de
deux ans. Selon l’historienne de l’art Monica Brugger, cette discipline
artistique se définie comme suit: « À la différence du bijou traditionnel […],
le bijou contemporain, depuis les années 1970, devient un champ
d’expérimentations aux frontières de l’art, du design et des métiers
d’art »[1]. En s’appropriant différentes matières et en
repoussant les limites de la joaillerie traditionnelle ce groupe s’identifie à
ce courant. Leur approche innovatrice du bijou navigue sur une vague moderne
encore naissante en Amérique du Nord. Le bijou contemporain questionne à la
fois l’aspect technique de ce métier d’art et l’esthétisme propre à ce champ de
création. D’autre part, il fracasse les préceptes imposés par l’histoire du
bijou et défie les structures établies, par exemple en présentant des bijoux
d’aspect sculptural ou porteur d’un message. Au cours d’exercices de création,
les créatrices mettent à l’épreuve leurs convictions artistiques, procèdent à
des débats d’idées, et donnent vie, par des interventions multiples, à des
œuvres de joaillerie non-conventionnelles. Ces expérimentations conceptuelles
poussent les joaillères à sortir de leur zone de confort et les incitent, par
le fait même, à se dépasser. Filière
11 se donne pour mission de rendre fascinant et accessible la création de
bijoux artistiques actuels.
Les joaillières du collectif Filière 11 proposent l’exposition de bijoux
contemporains Page Blanche. L’idée de
cette thématique provient du syndrome de la page blanche, rencontré tant par
l’artisan qui transforme la matière, que par l’écrivain qui manipule les mots.
Chacune des membres du collectif proposera un triptyque de bijoux
sculpturaux en combinant de façon innovatrice le développement conceptuel et la
recherche d’un nouvel esthétisme en fonction de son interprétation du sujet.
La joaillerie contemporaine est une jeune discipline encore naissante en
Amérique du Nord, qui repousse les
limites de la joaillerie traditionnelle en utilisant, entre autres, des
matières et des techniques non-conventionnelles à ce métier.
Pour ma part, j’y présente « Polymorphe,
Triptyque » fabriqué à partir de
crazy capet (la crazy carpet est une intéressante source de feuilles de plastique),
d’aluminium, d’argent, de verre et de caoutchouc.
En littérature comme
dans les autres disciplines, un artiste crée à partir de ses intérêts
récurrents, les idées fixes qui constituent son matériel de base. Un concept, même rebattu, peut se renouveler
si on l’aborde d’un angle inédit, si on l’écorche ou le métisse à autre
chose.
Je propose trois
pendentifs sont identiques mais polymorphes, comme un même argument
retravaillé, transformé par l’application même de sa répétition. A tout moment on peut les manipuler, comme des
jouets, les étirer, les écraser, de façon à changer leur rapports les uns au
autres. Comme une idée vivante qui ne
peut être arrêtée, car toujours en train de se renouveler par l’exercice de la
création.
[1]
Brugger, Monica (commissaire), 2010,
Un peu de terre sur la peau -Bijoux
contemporains en céramique, 16 juin au 16 octobre, catalogue d’exposition,
Fondation d’entreprise Bernardaud, Limoges.